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ITW Sempai Sébastien Boulerand






1) Sébastien Boulerand, vous êtes pratiquant de karaté ? Qu'est-ce que cela veut dire ?

Bonjour, en effet. Cela veut dire que nous passons une bonne partie de notre temps à pratiquer cet art martial, à s'exercer, à chercher à s'améliorer, comprendre, ressentir, remettre en cause, partager, donner également ce qui nous a été transmis.


2)A quel âge avez-vous commencé la pratique du karaté ?

J'ai commencé à 28 ans. Je sais... c'est tard (rires). Mais plus sérieusement il n'y a pas d'âge pour commencer... Ou recommencer.


3) Quels sports avez-vous pratiqué avant; et pourquoi le choix du karaté aujourd'hui ?

J'ai pratiqué le Judo très jeune pendant quelques années. J'aimais beaucoup. Mais je pense que j'ai arrêté parce que j'avais de grande aptitude dans la pratique du violon. A l'adolescence j'ai un peu fait de la self défense. Après étant né à Marseille, le sport par excellence est le football. On naît un ballon aux pieds. Donc j'ai joué en club pendant plusieurs années. Je n’étais pas un très bon joueur, mais je ne lâchais rien sur le terrain.

A mon arrivée à l’île de la Réunion. J’étais plus attiré par la boxe anglaise et non pas par le karaté. C'est un ami qui a insisté pour que je participe à un entrainement. C'était au Dojo Chan Liat à 2 canons. J'y suis allé et j'ai aussitôt adhéré. J’ai découvert dans cet art martial, un art de vivre, mon équilibre et la connaissance de soi, le développement sain du corps et de l’esprit, l’humilité, la maîtrise, le respect de soi et des autres…

Je n’ai plus jamais vraiment décroché hormis pendant les périodes de blessures. Je me souviens des premiers conseils de notre Sensei... comme si c'était hier. Je ne remercierai jamais assez celui qui m'a poussé vers le Dojo (Nicolas).


4)Vous pratiquez le karaté kyokushinkaî. Quelle est la particularité de ce style et pourquoi avoir choisi le kyokushin ?

Oui c'est un style de karaté. Une discipline à part entière. C'est du Kyokushin. Une forme axée beaucoup plus sur le combat. Mais je prends de plus en plus de plaisir à regarder les autres écoles, les autres styles. Il y a tellement de variété. C'est fascinant.


5) Certains disent que le kyokushin est un karaté brutal mais respectueux. Qu'en pensez-vous ?

Si on réduit le Kyokushin à sa partie combat alors on peut dire qu'en effet il y a une certaine dureté. Le respect est un des piliers de l'école et plus généralement des arts martiaux.


6) Vous êtes instructeur au dojo Pierre Grondin. Qui est Pierre Grondin pour vous ?

C'est mon Sensei. C'est notre Sensei. Celui qui sait par-dessus tout ce qui est bon ou mauvais pour moi. Celui qu'on écoute les yeux fermés et le cœur ouvert. Celui qui a passé une grande partie de sa vie à transmettre ce qui lui a été transmis. Celui qui a, comme tout le monde le sait, été le précurseur du Kyokushin sur le département de l'île de la Réunion. Celui qui a bâti le Dojo qui porte son nom et qui nous permet de nous entrainer dans un cadre exceptionnel sept jours sur sept et presque 24h sur 24h (rires)... C'est des années de pratique.... On ne réalise pas assez souvent... Où serais-je quand j'aurais 45 ans de pratique ? Comment sera cette flamme de la passion ? brûlera t'elle toujours au fond de moi ?


7) Que signifie pour vous “être un instructeur” ?

C’est enseigner et transmettre cet art qui nous a été appris... Mais au-delà de cela un jour, j’ai appris aussi, d’une personne que "former c'est avant tout, allumer un feu, faire naître l'étincelle de la passion en l’autre". Et je suis bien d'accord avec cela. Une fois ce feu sacré allumé il peut durer bien au-delà d'une simple vie... Sensei nous a appris "Enseigner, c'est être éternel"...


8) Qu'est-ce que cela vous apporte personnellement le fait de “transmettre” ?

C'est aujourd’hui une grande responsabilité. Cela me permet de progresser également. Mais dans notre Dojo nous avons tous conscience de nos responsabilités. Nous savons où nous voulons aller. Notre degré d'exigence est élevé. C'est une grande raison d'exister vous savez (rires). Une mission a honoré du mieux possible. La pression de bien faire est en nous. Nous l'acceptons et refusons la suffisance. Ce que nous vivons est exceptionnel et je suis heureux. Heureux devant les efforts de chacun. Le Dojo est au-dessus de tout et nous parlons le même langage. Je vous assure, nous sommes une grande famille avec la même philosophie celle du respect, de l’écoute et de la solidarité entre nous.


9) Qu'est-ce que le dojo kun ? Quelle phrase (partie) du dojo kun, préférez-vous et pourquoi ?

Le Dojo Kun est le serment du Dojo. C'est magnifique !!! Nous le récitons à chaque fin de cours dans la pure tradition. C'est difficile de choisir une phrase, car chacune a son importance. Aller !!! Je me lance : "Nous respecterons toutes les religions et n’oublierons jamais les vertus de l’humilité." A travers cette phrase j'entends " Le respect des différences " et bien évidement "l'humilité" est une grande vertu... Nous y travaillons (rire)


10) Vous êtes parti au Japon au dojo de Tanaka. Qu'est-ce que cela a changé dans votre pratique et dans votre enseignement ?

En effet c'était en 2013... Le kyokushin m'a emmené vers des destinations improbables (rire). Si on m'avait dit qu'un jour on irait au Kazakstan par exemple (rire)

Oui, mon voyage au Japon fut une émotion intense. Un regard sur une culture différente de la nôtre, entre modernité et tradition. Fascinant ! Partir seul là-bas c'était fou ! (Rire). J'ai eu la chance de croiser la route de Shihan Tanaka qui malheureusement est décédé, il y a peu de temps. Je pourrais parler pendant des heures de cette expérience. Cela me rend triste de me dire qu'il n'est plus là... Je me console à la pensée que nous avons tissé une forte relation entre le Dojo Mobara ainsi qu'avec la Famille Mizuno.

Il vit encore et toujours, à jamais... à travers chacun d'eux... Sinon j'y ai retrouvé la même ambiance que dans notre Dojo.


11) Le dojo Pierre Grondin a formé de grands champions dans différents styles de karaté. Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui? Si oui, pouvez-vous développer votre réponse ?

Effectivement notre Sensei a formé depuis le début de très bons karatékas qui aujourd'hui ont un excellent niveau. A leur tour ils transmettent. Le Dojo a toujours eu une bonne réputation.

En ce qui concerne notre activité récente, on peut dire que nous avons de très bons résultats depuis 2018. Au championnat d’Europe cette année, nous avons 6 podiums, c’est encourageant. Nous devons toujours nous entraîner dans la pleine conscience que rien n’est jamais acquis.


12) Vous êtes 2ième DAN de karaté. Que représentent ses DAN pour vous ?

En effet. Mon parcours. Mon histoire. Ma voie. Mais je ne porte pas trop d'importance à cela. La troisième DAN viendra au bon moment. Peut-être demain. Peut-être dans 25 ans (rire). Mais j'y travaille... et nous y travaillons !!!


13) Vous êtes également coach pour vos élèves. Quelles sont les qualités d'un bon coach ?

"Coach" je n'aime pas trop ce terme, mais faut s'y faire (rire). Je n'ai pas d'élève. Les seules élèves qui existent sont les élèves du Dojo Pierre Grondin.

Je le dis et je le pense. Ils le savent. Nous sommes là pour goudronner leurs chemins, pour les aider le mieux possible... à les mettre dans les meilleures dispositions pour performer. Sans eux je ne suis rien et je leur dis souvent.




14) Vos élèves ont remporté des podiums en kata et en combat. Que vous inspire ce palmarès ?

Encore une fois, dites les élèves du Dojo Pierre Grondin s'il vous plait (rire). C'est le fruit de leurs efforts. Bien évidement cela m'inspire du respect pour eux et une grande satisfaction pour le Dojo.

Mais plus que de produire des champions nous voulons faire de bons hommes... C'est l'ADN du Dojo.

Mais oui heureux pour notre groupe. Le Cercle RKH du Dojo Pierre Grondin c'est un large groupe. Des âges différents, des horizons différents, l'expérience et la bienveillance d'un Patrick Farsa par exemple. C'est des personnes qui encadrent et qui sont dans l'ombre. C'est notre grande force. Un grand OSU à tous d'ailleurs.


15) Est-ce que vous êtes frustré de ne pas être sur le tatami avec vos élèves ?

Non, car combattre c'est leur job à eux. Et puis je ne suis pas un combattant. Je ne l'ai jamais été et je ne le serais jamais. Et encore moins un grand technicien (rire). Ils sont paramétrés pour combattre. Je suis frustré lorsque nous perdons... terriblement... je n'accepte pas la défaite.

Autant la victoire même si je la savoure, elle est pour eux, autant la défaite je la considère comme pour moi. Il me faut du temps pour l'admettre. Pire c'est quand deux combattants de notre dojo s'affrontent. Je ne supporte pas cela. Tout le monde sait cela (rire). Je ne regarde pas. C'est sans intérêt pour moi. Je voudrais que les deux gagnent mais c'est impossible. A l'île Maurice c'est arrivé plusieurs fois et j'avais envie de pleurer lorsque j'entendais les impacts des coups. Sincèrement c'est quelque chose que je déteste. C'est cruel.




16) Le dojo Pierre Grondin est un Honbu dojo. Qu'est-ce que cela veut dire ? Et qu'est-ce que cela représente pour vous comme responsabilité ?

C'est avec et grâce au propriétaire du lieu, Pierre Grondin que le Kyokushin est né à l'île de la Réunion. Donc RUN KYOKUSHIN HONBU littéralement "Centre ou Maison du Kyokushin à la Réunion" ça me semble légitime. La responsabilité elle n'est pas tant par rapport au nom du Dojo mais plutôt au respect du travail accompli par notre Sensei durant toutes ces années. Créer un Dojo, monter les murs, etc. Vous imaginez-vous ??? Qui l'a fait ??? Et puis il n’y a pas 3 licenciés ici... c'est le travail d'une vie ici. Voilà une grande responsabilité que nous partageons avec l'ensemble des pratiquants du Dojo.




17) Vous êtes également Président de la KWF. Qu'est-ce que la KWF et quel est votre rôle en tant que Président de la KWF ?

Je suis président de l'association Kyokushin World Fédération France. Une association qui gère sous la bienveillance de son Responsable "Branch Chief" Shihan Pierre Grondin l'activité de la KYOKUSHIN WORLD FEDERATION sur le département de l'île de la Réunion. C'est une aventure incroyable qui a débuté en 2013. Le travail réalisé est positif et nous continuons et continuerons tous ensemble à proposer de nombreuses choses.


18) Vous gérez l'organisation des différentes activités au dojo Pierre Grondin. Quelles sont ces autres activités ?

En effet. Nous communiquons beaucoup et avons de nombreuses idées comme par exemple intégrer une structure formation BAFA ou créer un lien entre les entreprises et le Dojo etc. Pour le moment nous avons la Self défense, le Tai Chi Chuan, le Taikiken et bien sûr le Kyokushin. Nous avons mis un cours de zumba ainsi qu'un cours de hit 'strong nation". En septembre, il y aura un cours de danse orientale le mercredi. Nous cherchons à diversifier les activités. On peut même penser avoir des cours de kizumba ou de pôle dance prochainement. Nous allons d'ici quelques jours positionné des tables sur la terrasse et proposé un espace WIFI.


19) On m'a dit que vous aimez bien manger. Que représente la nourriture pour vous ?

Je pense que dans ce Dojo, beaucoup de licenciés aiment manger (rires). Tellement qu'il vaut mieux cacher votre goûter le jour où vous le ramenez au Dojo (rires)

La nourriture bien évidement est un élément vital mais au-delà de cela c'est aussi un art. Le chef et le Budoka sont certainement à la recherche de la même chose...

20) Quelles sont vos autres passions ?

Le football et l'olympique de Marseille (rires). Mon expérience du football m'aide beaucoup dans le Karaté. La musique aussi... J'aime la poésie, la rime, la prose... les beaux textes. La musique évidement. Le cinéma. J'aime chanter. L’ésotérisme. Les médecines traditionnelles depuis peu.


21) Y-a-t-il encore de la place dans votre cœur pour une dernière passion ? L'Amour ?

L'amour régit tout... donc je n'utiliserai pas le joker (rires). Si on regarde bien, je vous parle avec Amour depuis le début. Pour répondre, il y a une dernière passion que je voudrais découvrir ou plutôt redécouvrir.... mais je pose un JOKER

(Question avec un joker)


22) Quel était votre rêve d'enfant ?

Je n’ai jamais été porté par un rêve bien particulier. Peut-être que si il en existait un c'est certainement celui que je vis actuellement.


23) Que penserait “le petit Sébastien enfant” du “Sébastien Boulerand” d'aujourd'hui ?

Il serait heureux de me voir en bonne santé. Il penserait que la route est encore longue et qu'il me reste encore bien des choses à accomplir, bien des choses à améliorer en moi. Il me dirait de ne jamais trop l'oublier et qu'il rêve de renaître dans les yeux d'un autre...


itw réalisé par Alexis Lapra

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